Investir dans un vignoble est tentant, mais ne s’improvise pas. Il faut bien évaluer son marché car le marché a beaucoup évolué ces dernières années.
Beaucoup en rêvent. Avoir des vignes, produire son vin. De nombreux chefs d’entreprise se disent qu’ils pourraient s’inventer là une deuxième vie. «Mais il ne faut pas sous-estimer l’aventure. Acheter un vignoble et l’exploiter, c’est reprendre une vraie entreprise», explique Benoît Léchenault, responsable d’Agrifrance, le département spécialisé de BNP Paribas Wealth Management. Et ce n’est pas parce que l’on a été par exemple un bon professionnel dans la grande distribution que l’on réussira, selon lui, à commercialiser son vin sans encombre.
En présentant son étude annuelle sur l’investissement en foncier rural la semaine dernière, BNP Paribas a mis l’accent sur l’évolution en deux décennies du marché mondial du vin. Le constat est positif: en vingt ans, les vins français ont maintenu leur place dans le monde. Pas en termes de volumes, en raison de la montée en puissance des concurrents du Nouveau Monde, terme générique qui regroupe aussi bien la Nouvelle-Zélande que le Chili, l’Australie, la Chine ou l’Afrique du Sud. Mais en valeur.
60 pays producteurs dans le monde
La France reste le premier pays exportateur en valeur (l’Italie, elle, est première en volume). «Alors que le prix moyen du litre exporté dans le monde s’élève à 2,62 euros, celui des vins français exportés est de 7 euros par litre. On atteint 9 euros pour les bordeaux, 10,60 euros pour les bourgognes et 15 euros pour les champagnes», précise Agrifrance.
Même si les prix des grands bordeaux ont reculé ces dernières années, en moyenne sur vingt ans ceux des vins français ont progressé. Et nos vins sont toujours une référence. «En notoriété aussi, selon l’indice liv-ex, 84 des 100 vins les plus renommés sont français», explique Matthieu Carbillet chez Agrifrance. Avis aux détenteurs de vignobles ou à ceux qui veulent investir dans le foncier, il y a aujourd’hui 60 pays producteurs de vins et 242 pays consommateurs. Et ce ne sont pas moins de 37 milliards de bouteilles qui sont produites par an. Le marché du vin est bel et bien mondialisé. «La Chine a beaucoup planté, elle a maintenant le cinquième vignoble mondial en surface», explique Benoît Léchenault. Certains de ces pays producteurs, comme l’Australie, sont d’ailleurs désormais en train de restructurer leur patrimoine viticole.
Dans le monde, les surfaces de vignes ont diminué de 4 % entre 1995 et 2015. Ces terres représentent 7,5 millions d’hectares. Côté consommateurs, la donne a aussi bien changé. Les pays européens ne pèsent plus que pour la moitié de la consommation mondiale. Et les États-Unis sont devenus numéro un.