Que se passe-t-il en Ukraine ?
Ce jeudi 24 février, vers 4 h du matin, l’Europe a basculé. Après plusieurs semaines d’incertitude et d’aller-retours diplomatiques, l’armée russe a commencé à envahir l’Ukraine. L’offensive s’est portée sur 5 régions et Kiev a déjà reconnu des pertes importantes. De son côté, le président Ukrainien se dit prêt à se défendre et proclame la loi martiale dans tout le pays, autorisant ainsi l’emploi de la force armée.
Les tensions entre l’Ukraine et la Russie ne sont pas récentes. Clivage historique, désaccords politiques et sociaux, le contexte est tumultueux entre les deux pays depuis de longues années :
Quelles sanctions pour la Russie ?
À ce stade, certaines sanctions ont déjà été prises par les grandes puissances politiques. Les Etats Unis ont annoncé, en début de semaine, l’interdiction pour la Russie de lever des fonds occidentaux pour rembourser sa dette souveraine ou de la négocier sur les marchés américains et européens. De son côté,l’Europe a déjà prononcé l’arrêt de la certification de Nord Stream 2 (gazoduc encore inutilisé qui relie la Russie au nord de l’Allemagne) ainsi que l’interdiction de visa pour les individus qui ont reconnu et voté en faveur de la souveraineté des séparatistes ukrainiens. Compte tenu de l’évolution récente de la situation, ces sanctions pourraient être graduelles et se renforcer dans les prochains jours.
Quelles sont les implications macroéconomiques ?
Dans ce conflit géopolitique, l’Europe est naturellement la zone géographique la plus exposée, notamment d’un point de vue énergétique. Les prix des matières premières devraient probablement augmenter, spécialement ceux du gaz et du pétrole pour lesquels l’économie européenne est fortement dépendante de la Russie. Concernant le gaz naturel, la part de la Russie dans les importations de l'UE représente environ 25%.
Des contraintes plus larges peuvent être identifiées et certaines matières premières agricoles et industrielles devraient aussi subir des hausses de prix. Le blé (dont la Russie et l’Ukraine sont deux des plus grands exportateurs au monde), le maïs, l’aluminium, le palladium et le nickel seront probablement impactés. Ainsi, les pressions inflationnistes, déjà élevées sur ce début d’année, devraient s’intensifier mécaniquement avec l’évolution du conflit.
Malgré les risques identifiés précédemment et le choc de confiance que peut provoquer un tel conflit, il est important de rappeler que les poids économiques de la Russie et de l’Ukraine restent plutôt faibles d’un point de vue mondial. En dehors du secteur de l’énergie et des céréales, la Russie ne joue pas un rôle central dans les échanges mondiaux. L’Europe n’a pas de liens commerciaux assez forts avec le Kremlin pour provoquer, à ce stade, une récession forte sur le vieux continent.
L’impact sur les marchés et nos perspectives ?
L’offensive en Ukraine secoue logiquement les bourses européennes. L’EuroStoxx 50 chute d’environ 5% à mi-séance tout comme le CAC 40. De son côté, le MOEX (indice boursier russe) s’effondre de plus de 30% entrainant dans son sillage le rouble qui atteint des plus bas historiques. Du côté des taux, on constate une baisse généralisée avec un mouvement parallèle sur toute la courbe. L’or joue aussi son rôle de valeur refuge et augmente fortement.
Bien que sur le court terme cette situation rajoute de l’incertitude sur les pressions inflationnistes déjà bien présentes depuis le début de l’année, nous soulignons que le poids de l’économie russe reste assez faible à l’échelle mondiale. Nous estimons toutefois que ces incidents pourraient amener des révisions baissières sur les projections de croissance et décaler les perspectives de normalisation monétaire de la BCE. Toutes les équipes de gestion d’AIF sont pleinement mobilisées pour mesurer précisément l’impact de ces actualités et les intégrer dans nos différent scénario macroéconomiques.
Source : Abeille Asset Management