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juin 16, 2022

L’inflation « un défi majeur » pour la BCE – Macroscope

L'inflation "un défi majeur" pour la Banque Centrale Européenne

Après des mois lors desquels la Banque centrale européenne (BCE) a pu sembler faire l’autruche vis-à-vis de poussée de fièvre inflationniste, la qualifiant de « temporaire », l’autruche s’est finalement muée en faucon, déterminé à lutter contre l’inflation agressivement.

 

Ce jeudi 9 juin 2022 sera donc à marquer d’une pierre noire pour la BCE. Le conseil des gouverneurs, par la voix de sa présidente, Christine Lagarde, a sonné la fin de la récréation. Dans un contexte où l’inflation parais lui filer entre les doigts, la BCE reprend fermement les choses en main en annonçant à la fois la fin de l’expansion de son bilan, ainsi que, surtout, sa première hausse de taux. Une décision inédite depuis 2011.

 

Il faut dire qu’il y a urgence, car les prix à la consommation se sont envolés de 8,1% sur un an pour l’ensemble de la zone euro. 18 mois plus tôt, seulement, ceux-ci s’inscrivaient en baisse. L’inflation dépasse même 15% dans l’ensemble des pays baltes !

 

Il y a urgence sur les taux directeurs d’abord. L’annonce d’une remontée du taux de dépôt de 0,25% n’a rien d’anodin ni sur le fond ni sur la forme, car elle sera effective lors de la prochaine réunion du 21 juillet. La coutume veut en effet que les hausses de taux soient d’abord suggérées en amont, pour ensuite être actées le jour J d’une réunion. Cette fois-ci, l’annonce six semaines à l’avance marque la volonté d’une reprise en main de son tempo, mais également la nécessité pour l’institution d’être précautionneuse afin d’éviter de prendre les marchés à rebours et leur donner de la visibilité à court terme tout du moins. La BCE en a parfaitement conscience puisqu’elle n’a pas manqué de préciser que si cette mesure risque de générer du stress sur les marchés financiers à court terme, elle n’en reste pas moins nécessaire pour stabiliser les conditions financières sur un horizon plus lointain. Il faut d’abord faire "mal" pour après soulager.

 

Urgence sur les achats d’actifs ensuite. Ensuite avoir lesté son bilan de plus de 4 000 milliards d’euros supplémentaires depuis l’émergence de la Covid, la BCE cessera d’acheter des obligations d’État dès le 1er juillet prochain. Terminé donc le soutien direct au financement des États ; place à la libre confrontation de l’offre et de la demande sur les marchés obligataires, au risque d’une remontée significative du coût de financement des États, déjà lourdement endettés pour beaucoup d’entre eux.

 

Enfin, la suite n’est guère réjouissante, car le chemin de crête du resserrement monétaire dans laquelle s’engage la BCE est à la fois étroit et vertical. Première difficulté à l’horizon dès septembre :  la porte est d’ores et déjà ouverte à une double hausse de 0,50%, si l’inflation ne refluait pas dès l’été, éventualité qui, pour le moment, paraît peu probable.

 

S’il est « urgent d’aller plus loin », il ne faut pas non plus aller trop loin, au risque de précipiter une croissance déjà fragile dans les abîmes. Bonne route Christine !

 

Rédaction achevée le 10.06.2022
Clément Inbona, Fund Manager


Telex

Le dragon Chinois sort la tête de l'eau :  Les indices PMI Caixin chinois publiés la semaine dernière font état d’un rebond important, même s’ils restent en territoire de contraction. Avec une baisse des cas de Covid, en particulier à Shanghai, l’activité se normalise peu à peu, après avoir été mise sous cloche plusieurs semaines. Si la situation sanitaire continue de s’améliorer, il y a fort à parier qu’un rebond de l’activité pourrait se matérialiser, la Chine serait alors la seule puissance à mener un policy mix, c’est-à-dire une relance monétaire et budgétaire sans pour autant être sous la pression d’une inflation forte.

Inflation américaine : encore un record. Aux États-Unis, le chiffre d’inflation CPI de mai atteint 8,6% sur un an glissant, un niveau inédit depuis plus de 40 ans. La thèse du pic d’inflation est une nouvelle fois battue en brèche. Parmi les contributeurs importants, citons le logement, l’alimentation ou encore les transports. Signalons également que plus de 70% de composants du panier d’inflation affichent des hausses supérieures à 4%. Encore un record, mais surtout le signe que la hausse des prix rampe sur un spectre de biens et services toujours plus large et que le risque de spirale inflationniste est réel.

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